Aussi inattendue que bouleversante, l’épidémie de coronavirus nous a confrontés avec le caractère précieux et fragile de la vie et à notre finitude avec la réalité de la mort. Cette épidémie et le confinement imposés ont eu pour vertu de nous ouvrir les yeux. Alors que la mort était comme un exil et la voilà qui se balade dans nos rues.
Ce confinement, expérience inédite pour une majorité de nos concitoyens, nous a retiré une partie vivante, charnelle de nos liens et privés de nos vrais échanges.
Ce confinement contraint, j’ai eu la possibilité de le choisir – courage, force, prudence, persévérance, que de vertus oubliées que j’ai été invitée à faire miennes !
Comment vivre ce temps ? Comme un temps de retraite, de désert, de descente dans la profondeur de ce puits qu’il y a en moi, et dans ce puits il y a Dieu pour reprendre Etty Hillesum, comme un temps de solitude qui est espace de relations plus intenses avec Dieu, et temps de grâce pour accueillir le don de Dieu. Faire une pause dans ma vie.
Il me faut consentir à l’inquiétude tout en restant debout et continuer à faire face. Croire malgré tout à la prévenance de Dieu, ce Dieu bienveillant qui ne fait pas à ma place, mais qui me veut du bien : « Qu’est-ce que l’homme, Seigneur, pour que tu penses à lui ; le fils d’un homme que tu en prennes souci. » Psaume 8.
J’ai dû renoncer à ma liberté de mouvement et d’action pour le bien commun, sauver des vies. Prends soin de l’autre en restant à la maison, en acceptant qu’il me manque des regards, des visages. Les personnes malades, handicapées et certaines personnes âgées connaissent très bien l’espace restreint, les relations sociales réduites, et l’incertitude de l’avenir, la peur de disparaître, la peur de la mort. Ce confinement, une véritable traversée du désert.
Temps de confiance, temps de la découverte de la Parole de Dieu.
Temps d’espérance, temps de vivre avec la grâce de Dieu.
Temps de repos contemplatif pour découvrir le don de Dieu et l’accueillir.
Avec Saint François j’ose dire : « Loué sois-tu, Seigneur, pour ce fragile coronavirus qui m’apprend l’humilité et la valeur de la vraie vie. »
La grâce du Seigneur m’a appris à traverser cette période de silence et de solitude.
L’écoute de la Parole de Dieu m’a fait prendre conscience de l’Incarnation de cette Parole, de ce va-et-vient entre la Parole et ce que je vis.
Oser demander la grâce de la confiance, la grâce de l’espérance. La Parole de Dieu est devenue une vraie nourriture en cette période de confinement.
« Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? » Marc 4, 40.
Nicole PRIGET
(Paroissienne, accompagnatrice des familles en deuil, visiteuse des malades)