Les Confessions de saint Augustin dévoilent l’itinéraire d’un jeune homme vers le Christ. Quatorze siècles durant ce fut le livre de chevet de l’Europe avant de laisser la place à l’exaltation du « moi ». A cet égard, il est instructif de comparer la première page des Confessions de Jean-Jacques Rousseau, et celle de saint Augustin : « Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple, et dont l’exécution n’aura point d’imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme, ce sera moi. Moi seul. » Voilà comment s’ouvre l’ouvrage de Rousseau, et voici comment saint Augustin inaugure le sien : « Seigneur, votre grandeur est infinie, et les plus hautes louanges sont infiniment au-dessous de vous. Votre puissance n’a point de limites, et votre sagesse est sans mesure et sans bornes. Et cependant un homme ose vous louer ».
Rousseau et saint Augustin poursuivent le même but : instruire les hommes par la lecture de leur vie. Toutefois, saint Augustin présente son œuvre comme un dialogue intérieur avec Dieu. L’histoire qu’il raconte est l’histoire de l’action de Dieu de sa vie. Rousseau, au contraire, parle peu de Dieu, si ce n’est pour lui retirer son travail en affirmant : « je viendrai, ce livre à la main, me présenter devant le souverain juge. Je dirai hautement : Voilà ce que j’ai fait, ce que j’ai pensé, ce que je fus », c’est l’histoire de l’action de Rousseau dans la vie de Rousseau.
Comme saint Augustin, Zachée souhaite connaître Jésus, et pour cela il brave son orgueil en grimpant, lui l’homme installé, dans un arbre. Alors Jésus le voit, lui parle et vient demeurer chez lui. Un dialogue intérieur s’installe entre lui et Jésus. Zachée est devenu chrétien, dorénavant il vit avec le Christ au plus intime de son cœur. Au lieu de laisser l’orgueil prendre toute la place et de ne regarder que soi, de ne parler que de soi, nous sommes appelés à regarder le Christ, à l’accueillir chez nous et à reconnaître son action dans nos vies. Alors, comme pour Zachée, comme pour saint Augustin et tant d’autres saints, le Christ nous transformera de l’intérieur et nous pourrons chanter avec le psalmiste : « Je reconnais devant Toi le prodige, l’être étonnant que je suis » (Ps 138, 14). Car c’est grâce à Dieu, qui demeure en vous, que vous êtes des prodiges.