Cette crise sanitaire qui se dégrade de plus belle pourrait être plus proche de notre expérience pascale. En effet, le chamboulement que nous vivons aujourd’hui avec une pandémie généralisée qui emporte notre sécurité, nos habitudes, nos fêtes, nos rencontres, peut trouver un écho dans les sentiments des disciples après la douleur du Vendredi Saint et le silence du Samedi Saint. Leur drame n’est-il pas semblable à ce que nous vivons aujourd’hui ?
Nous ne devrions pas fuir ce sentiment trop rapidement. En effet, instruits par la Passion de notre Seigneur, nous devenons capables d’affronter cette crise sanitaire, de faire face au silence de Dieu et des hommes. La vraie joie de Pâques naît et consiste précisément en une nouvelle capacité à regarder le vide, à dialoguer avec la douleur. Il nous faut demander au Seigneur un regard pascal, une nouvelle vision pour mieux répondre à Celui qui ne cesse de répéter : « Je suis la résurrection et la vie. » (Jean 11,25)
Soyons donc convaincus que le vide qui nous atteint dans nos vies ces jours-ci n’est pas simplement l’absence de choses, d’habitudes ou d’interactions avec nos semblables ; mais il ressemble plus au vide du tombeau. Précisément, il ne s’agit pas d’une obscurité totale mais d’un nouveau mystère qui appelle un nouveau regard. Par conséquent, nous avons besoin d’une capacité de contemplation renouvelée ; nous avons besoin d’un regard neuf.
Ainsi, à travers la douleur de cette crise qui brouille nos repères et la mort de nos proches dont elle est souvent la cause, demandons au Seigneur de savoir voir les choses nouvelles que Dieu crée et recrée. Comme Marie-Madeleine au matin de Pâques, allons au-delà des larmes et des lamentations pour ce que nous croyons perdu et nous ouvrir à des relations renouvelées. En définitive, nous devons revenir à l’annonce pascale de la Résurrection du Christ et de la nôtre que nous passons trop souvent sous silence : Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité !
Joyeuses Pâques à toutes et à tous !