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A la demande du P. Ghislain, quelques mots pour revenir sur mon ordination diaconale qui a été célébrée le 11 octobre dernier dans mon diocèse de Verdun, à Stenay, par mon évêque monseigneur Jean-Paul Gusching. Une belle délégation de la paroisse Saint-Eloi était présente : paroissiens et jeunes pros, accompagnés par le P. Ghislain et Jean-Claude.
Comment s’est passée la célébration d’ordination ?
Comme beaucoup d’évènements, mon ordination était initialement prévue pour juin dernier. Les conditions sanitaires ont obligé à la reporter au 11 octobre dernier. Mais là encore, jusqu’au dernier moment rien n’était sûr. Cas contact quelques jours avant, je n’ai reçu le résultat – négatif – de mon test que la veille ! Fort heureusement, tout s’est très bien passé. En famille, à la paroisse, au niveau du diocèse même, tout le monde s’est mis en quatre pour que cette célébration soit belle et festive. J’ai été très touché de l’implication de tant de petites mains.
Jean-Claude (Larrieu, ordonné diacre permanent il y a deux ans) pourrait vous dire la même chose : la liturgie de l’ordination est marquée par des signes forts. J’en retiens quelques-uns :
• Au moment de l’appel du candidat, l’on se lève du milieu de l’assemblée en disant vigoureusement « me voici ! ». Et l’on se retrouve face à l’évêque, entouré par les prêtres et diacres du diocèse ou d’ailleurs qui tous ont les yeux fixés sur vous. Ça fait quelque chose.
• Les engagements de l’ordinand. Même si je m’y prépare depuis fort longtemps, s’engager à haute voix et devant toute l’Eglise marque une étape importante. Célibat et chasteté, prière de la liturgie des Heures, annonce de la Parole, attention aux plus pauvres… La présence priante de l’assemblée à mes côtés est un soutien si fort !
• Le geste de la prostration et la litanie des saints. Allongé de tout mon long, je m’en suis remis entièrement à Dieu, comptant sur l’intercession de toute l’Eglise, celle qui pérégrine sur terre et qui m’entourait, et celle du ciel. J’avais choisi avec soin chacun des saints qui étaient invoqués. En entendant chaque prénom, j’ai pu, dans la prière, me remémorer pourquoi je comptais sur leur intercession particulière.
• L’accolade avec mon évêque. Sans être chauvin, j’ai un super évêque. Lui comme moi étions très émus. Ce qui s’est particulièrement ressenti au moment de l’accolade. Les gestes barrière nous obligent à maintenir une distance physique. Et en même temps, dans ces moments, on a besoin de donner du corps à ce qui se vit. Alors tant pis, j’ai pris le temps d’une accolade avec lui et chacun des diacres présents.
• La sortie. Les jours précédents, il y avait eu avalanche de messages de désistement. Pas facile à encaisser. Mais le jour J, l’église était pleine, quand même. Et à la sortie de la messe, c’était toute ma courte vie qui défilait sous mes yeux : famille et cousins venus de loin, amis de fac et de l’aumônerie étudiante, mes camarades de promos, habitants de mon village, jeunes et animateurs des camps d’été. Et la grosse surprise : la méga-délégation de Saint-Eloi !
Qu’est-ce que ça a changé dans ta relation avec tes proches ? dans ta place dans l’Eglise ?
Parmi ceux qui se sont déplacés, beaucoup ne sont pas des piliers de bénitier. Il est parfois de bon ton de se positionner comme « catholique non pratiquant » ou « en recherche ». Nombre de personnes m’ont redit, après coup, combien la célébration les avait marqués. Parce qu’ils n’avaient jamais participé à une ordination. A travers les gestes, les paroles, les chants, la liturgie parle d’elle-même, elle s’adresse à l’intelligence, à la sensibilité, au corps. Oui, mes proches ont été touchés, marqués.
Rien n’a vraiment changé dans ma relation avec mes proches : je reste le même ! C’est peut-être ce qui interpelle bien des gens : il est diacre, bientôt prêtre, et ça reste le même Benoît qu’on a connu. Rencontrer Dieu et lui consacrer toute sa vie change tout et ne change rien en ce sens que ça nous pousse à nous donner aux autres. Mes nièces et mes amis devront s’habituer à me voir continuer à faire le pitre, même avec un col romain !
Et tes premiers pas de diacre depuis l’ordination du 11 octobre dernier ?
Dès le mercredi suivant, j’ai repris le chemin de la fac pour suivre mes cours de droit canonique. Mon devoir d’état reste les études. En paroisse, l’équipe des prêtres est très attentive à me permettre de vivre mon diaconat. Je prêche régulièrement et c’est un immense bonheur. Dimanche j’étais auprès d’un ami qui célébrait sa première messe dans son village natal ; lundi j’ai pu diaconer au Carmel de Verdun, et prêcher. Une manière de remercier les sœurs qui me soutiennent de leur prière. Dès lundi, je dois prendre contact avec un jeune couple de fiancés pour commencer leur préparation au mariage, avec une catéchumène qui se sent appelée à demander le baptême, avec des parents qui veulent faire baptiser leur enfant. Et puis comme tout baptisé (mais peut-être tout spécialement) j’essaie d’être à l’écoute des gens que je rencontre. Pour répondre à leurs questions, porter avec eux joies et peines.
Mes premiers pas de diacre, c’est aussi le regard des gens dans la rue ou dans le métro. Mon col me désigne désormais explicitement. Regards interrogatifs (« c’est quoi ça ? » murmurait un jeune étudiant à la fac !) ; attitude courroucée du SDF qui insiste alors que je n’ai pas de monnaie sur moi ; sourire discret dans mon nouveau quartier.
Et ta plus grande joie ?
Mon prénom vient de benedictus, « qui est béni ». Ma plus grande joie : lorsqu’il m’est donné de bénir. On sait que le Bon Dieu peut se servir de nous pour faire le bien. A travers nos paroles, nos actes. Mais qu’il puisse passer par mes mains pour combler quelqu’un de ses bénédictions ! C’est fou ! Bénir les enfants et les adultes qui s’avancent et ne peuvent communier. Bénir les groupes qui me le demandent. Et la toute première fois, c’était pour les paroissiens de Saint-Eloi qui reprenaient la route après mon ordination !