Cinq ans après « Laudato si » qui mettait en avant la protection de l’environnement, le pape François publie une nouvelle encyclique. S’inspirant une nouvelle fois de François d’Assise, il insiste sur la fraternité humaine dans un monde marqué par les fractures et les conflits.
L’an dernier, à Abou Dhabi, le pape François avait signé « la déclaration sur la fraternité humaine » avec le grand imam d’Al Azhar. C’est dans cet esprit qu’est née cette encyclique. Une encyclique sociale qui, explique François, a pour ambition d’ouvrir à un dialogue « avec toutes les personnes de bonne volonté ». Divisé en huit chapitres, ce document met l’accent sur les dangers d’un monde en pleine fragmentation : « L’histoire est en train de donner des signes de recul, s’alarme le pape, des conflits anachroniques considérés comme dépassés s’enflamment, des nationalismes étriqués, exacerbés, pleins de ressentiments et agressifs réapparaissent. »
François s’inquiète de l’évolution de la politique qui, bien souvent note-t-il, « n’est plus une discussion saine sur des projets à long terme pour le développement de tous et du bien commun ». Dans son document, le souverain pontife invite aussi à repenser une « éthique des relations internationales », où chaque personne, quel que soit son milieu ou sa fonction, a une égale dignité.
Penser les migrations à long terme, réaffirmer le multilatéralisme indispensable des Nations unies, sont aussi des thématiques fortes de ce document, tout comme l’invitation à construire la paix, en rejetant notamment les armes nucléaires. Un texte qui a une portée universelle mais qui regarde vers l’Afrique, surtout quand François parle de migrations.
Dans ce monde fracturé, les religions ont leur mot à dire, écrit François : « Elles sont au service de la fraternité dans le monde. » Au début de son texte, il revient sur la rencontre survenue il y a huit siècles en Égypte, entre François d’Assise et le sultan Al-Malik, où le saint italien « invita à éviter toute forme d’agression ou de conflit ». Une incitation à la paix et au dialogue interreligieux toujours d’actualité.
« Fratelli Tutti » est enfin à lire comme une invitation à réfléchir au monde après la pandémie de Covid-19. Une pandémie qui a éclaté alors que le pape rédigeait son encyclique et « qui a mis à nu nos fausses certitudes », souligne-t-il. Dans ce contexte, retrouvons « le goût de la fraternité », exhorte le pape.
À la fin de son texte, il rend hommage à ces grandes figures qui l’ont stimulé, comme Martin Luther King, Gandhi, Charles de Foucauld, ami du peuple touareg, ainsi que le Sud-Africain Desmond Tutu, prix Nobel de la paix 1984.