Le Carême, chaque année, ça commence à faire beaucoup pour un certain nombre d’entre nous. Là aussi, il y a l’usure. L’enthousiasme de la conversion s’émousse, n’est-ce pas ? Les vieux saints m’étonnent de plus en plus, disait Vincent de Paul. Et cependant, il faut bien s’y remettre. Cent fois sur le métier…Cent fois, tout de même, pour un certain nombre d’entre nous, nous n’y sommes pas encore ! Encore un petit effort pour être plus humain, plus chrétien, c’est tout du même. La prière, le jeûne, l’aumône, la rectification du comportement ou de la vie intérieure : nous y allons comme les écrevisses : à reculons, à reculons.
Il faudrait trouver pour le Carême quelque chose à la fois de nouveau et d’ordinaire. Nouveau pour résister à l’effritement, ordinaire pour que ce soit possible. Dans le trésor des choses que nous avons, il en est une sur laquelle nous veillons avaricieusement : le temps.
Et si nous en donnions ?
Un peu de temps à Dieu pour prier, un peu de temps pour lui dire : je t’aime, un peu de temps à toi, pour partager le temps avec toi, un peu de temps pour t’écouter,
un peu de temps pour te dire : je t’aime, un peu de temps à moi, pour chercher l’intérieur, un peu de temps pour me dire, je m’aime, ça c’est l’eau sur mon visage et le parfum sur la tête (Mt 6,16).
Chaque jour, trois temps d’arrêt : pour Dieu, pour toi, pour moi.
Carême modeste, mais pour chacun Carême possible.
Michel ALBARIC, op.