Carême, d’année en année, ça commence à faire beaucoup pour un certain nombre d’entre nous. Il y a l’usure. L’espérance en notre conversion s’émousse, n’est-ce pas ? Encore un petit effort pour être plus humain, plus fraternel, plus chrétien, c’est le même mouvement. La prière, le jeûne, l’aumône, la rectification de mon comportement ou de ma vie intérieure : nous y allons comme les écrevisses : à reculons, à reculons. Il faudrait trouver pour le Carême quelque chose à la fois nouveau et ordinaire. Nouveau pour résister à l’effritement, ordinaire pour que ce soit possible. Dans le trésor des choses que nous avons, il en est une sur laquelle nous veillons avaricieusement : le temps.
Et si nous donnions un peu de temps à Dieu pour prier : « Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il gravit la montagne pour prier. »
Un peu de temps à toi, pour partager le temps avec toi : « Maître, il est bon que nous soyons ici ! »
Un peu de temps pour t’écouter :« Celui-ci est mon Fils, mon bien aimé : écoutez-le ! »
Un peu de temps à moi, pour chercher l’intérieur : « Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. »
Un peu de temps pour me dire que je m’aime et qu’on m’aime : « Aime ton prochain comme toi-même ».
Ça c’est l’eau sur mon visage et le parfum sur la tête : « Et quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu, comme les hypocrites : ils prennent une mine défaite pour bien montrer aux hommes qu’ils jeûnent. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. »
Chaque jour, trois temps d’arrêt : pour Dieu, pour toi, pour moi : « Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il gravit la montagne pour prier. »
Carême modeste, mais Carême possible. Il y a Quelqu’un au bout du chemin dont le temps s’appelle Patience.