Ne lisons pas trop rapidement ce passage de St Luc 6, 39-45 où Jésus nous propose trois images : l’aveugle qui guide un autre aveugle, la paille et la poutre, l’arbre qui porte du fruit. Demandons-nous pourquoi Jésus a choisi ces images.
Dans ces images, comme dans les paraboles, il y a « quelque chose » qui nous fait réagir, parce que ce n’est pas normal, pas habituel, que c’est « trop ». Ce « quelque chose » est la façon dont Jésus nous dit qui est Dieu. Dieu est si différent de ce que nous pouvons imaginer que Jésus nous provoque à réfléchir : oui, Dieu est « trop ».
Qui est cet aveugle qui en guide un autre ? C’est nous ! quand nous pensons détenir en nous la vérité sur ce qu’il faut faire ou pas, et l’enseigner, voire l’imposer, aux autres. Seul Dieu nous forme, dit Jésus, et nous ne serons jamais au-dessus de ce maître.
Qui est cet homme aveuglé par une énorme poutre, qui croit distinguer un détail à reprocher à son voisin ? C’est encore nous, quand nous oublions que seul Dieu peut être juge de nos vies.
Sommes-nous bon ou mauvais arbre ? Nos paroles, nos actes portent-ils du bon ou du mauvais fruit ? Question difficile… Et si c’était Dieu seul, quand nous l’accueillons et faisons sa volonté, qui peut porter en nous du bon fruit ?
Loin de nous éloigner de notre vie et de la valeur morale de nos actes, chercher « qui est Dieu » derrière ces trois images nous y ramène. Mais nous ne sommes plus seuls pour savoir ce qui est bon dans ce que nous faisons et pensons : le Christ est notre exemple et notre maître.
Mercredi, nous entrons en Carême : c’est le temps de demander à l’Esprit-Saint de nous aider à découvrir nos aveuglements, nos poutres, les fruits pourris que nous portons parfois, et à accueillir en nous le Christ ressuscité, qui nous donnera lumière et vie.