Dans le monde de la Bible, la lèpre n’est pas qu’une maladie de peau. Elle est une forme de châtiment divin. C’est la plaie par excellence. Par exemple, elle est envoyée aux Égyptiens (Exode 9,9-11) et semble l’être au serviteur souffrant qui porte le péché du peuple (Isaïe 53,3-12). En principe, la lèpre était vue comme une conséquence du péché. De plus, on croyait qu’elle était très contagieuse. En s’approchant d’un lépreux, on s’exposait à contracter sa maladie ainsi que son impureté. C’est pour cela que les lépreux étaient exclus de la communauté.
Quand Jésus se rapproche d’un lépreux, il commet un geste audacieux et même subversif. Normalement, les témoins de la scène auraient dû déclarer Jésus comme impur et l’exclure aussi de la communauté. Mais non, ce scénario ne tient pas, les choses se passent tout autrement. Contrairement aux autres, Jésus ne considère pas le lépreux comme une personne impure qu’il faut éviter à tout prix. Il ose le toucher et, d’un coup, il le guérit, lui permet de réintégrer la communauté et de ne plus être vu comme un pécheur.
Lorsqu’il y avait une guérison physique, l’ancien lépreux devait passer par une purification rituelle pour réintégrer la communauté. C’est pour cela qu’après sa guérison, il doit aller voir un prêtre au Temple (Marc 1,43).
Aujourd’hui, dans notre société, il n’y a pratiquement pas de lépreux, mais il y a encore beaucoup de personnes exclues de notre société ou montrées du doigt comme des pécheurs. Pour suivre Jésus, laissons-nous inspirer par ses gestes courageux et devenons source de guérison et non d’exclusion.
Sébastien Doane, professeur d’exégèse biblique,
Faculté de théologie et de sciences religieuses
Université Laval (Québec).