La deuxième parabole du chapitre 25 de saint Matthieu est donc celle des talents. Par cette histoire, Jésus veut nous décrire deux manières totalement contraires de gérer sa vie. Ou bien, nous la vivrons sous le registre de la confiance, ou bien nous la passerons dans la peur.
A un Dieu qui nous fait largement confiance, nous pouvons répondre par une confiance égale. Mais nous pouvons tout aussi bien nous faire une image perverse de ce Dieu, et c’est alors la peur qui va gouverner toutes nos attitudes, simplement parce que nous nous trompons sur Lui et sur ce qu’Il est.
La faute du troisième serviteur, lui sur qui repose la pointe de la parabole, est d’avoir peur. A quoi bon agir et se donner du mal, si on ne fait pas confiance en Dieu et en la vie ? C’est le chapitre 3 de la Genèse qui, en langage mythique, nous dit ce qu’est fondamentalement le péché de l’homme : la peur, la défiance. « Le Seigneur Dieu appela l’homme et lui dit : Où es-tu donc ? L’homme répondit : Je t’ai entendu dans le jardin, j’ai pris peur parce que je suis nu, et je me suis caché » (Genèse 3, 9-10). Ici, le serviteur s’excuse en mots semblables : « J’ai eu peur, et je suis allé enfouir ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t’appartient. » Le serpent, le tentateur nous fait toujours prendre Dieu pour ce qu’Il n’est pas, un Dieu jaloux, perfide, qui aurait peur de perdre son emprise sur les hommes. « Tu moissonnes là où tu n’as pas semé. » Notre seul véritable péché est d’avoir peur de Dieu…
Le maître, nous dit la parabole, est absent. C’est bien notre situation, dans la nuit de la foi. Nous n’avons que des signes ténus de Dieu : l’Église elle-même, avec toutes ses lourdeurs très humaines, les sacrements, qui demandent la foi, le temps de la prière silencieuse qui requiert notre modeste persévérance… Bref, Dieu nous laisse à notre entière initiative. Il nous fait une confiance inouïe ! Notre vie, notre famille, notre région notre planète sont laissés à notre entière liberté.
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