Chaque fois que cette parole paternelle trouve un écho en l’homme, au long des siècles, Jésus devient le premier-né d’une multitude de frères.
Nous parlons parfois de la prière comme d’un exercice compliqué, une escalade, une course une performance, avec des méthodes, des recettes, qui viennent pour la plupart des religions païennes, les religions des dieux très lointains et très sourds. Alors que pour nous, dont le Dieu est tout proche, plus intime à nous-mêmes que le cœur de notre cœur, prier c’est nous asseoir pour le regarder nous regarder.
Prier, ce n’est pas nous délester de tout ce qui nous intéresse, pour monter comme une montgolfière. Dieu se passionne pour ce qui nous passionne vraiment. Pourquoi préfèrerait-il les existences vides et les gens creux ?
Il faut le laisser nous aimer avec tout ce qui nous réjouit et tout ce qui nous fait mal, avec nos solidarités, nos enthousiasmes et nos boulets, avec tous ceux qui nous tiennent au cœur. Si nous courrions vers lui comme des voyageurs sans bagages, libérés des pesanteurs de ce monde, il nous trouverait bien légers. Alors qu’il nous accueille lourds de tous ceux que nous portons.
Pourquoi donc nous donner tant de mal pour nous élever par nos propres forces vers un Dieu que nous imaginons tout là-haut ? Alors qu’il nous suffit de nous laisser tomber, ici et maintenant, entre les bras d’un Père.
Père Jean-Noël Bezançon