Homélie du Cardinal François Marty, archevêque de Paris,
lors de la consécration de l’église St Eloi

Le 27 octobre 1968

Chers amis et chers prêtres, et vous tous frères bien-aimés, ce m’est une grande joie ce soir de venir dans ce quartier populeux. –/–

Je voudrais que cette visite vous traduise toute l’affection, tout le dévouement que je vous porte.

Je n’oublie pas tous ceux qui ne sont pas là ce soir, retenus par la vieillesse ou la maladie. Je pense aussi profondément à tous ceux qui n’ont pas la foi ou dont la foi s’est attiédie et qui cependant habitent ce quartier, pour lequel le Seigneur habite cette église, pour lequel Dieu veut être, comme pour vous les chrétiens, un signe d’amour. –/–

Que doit-être cette église ?

Un signe de rassemblement et d’unité. Et encore un lieu consacré où la Parole de Dieu est annoncée, distribuée pour vous, où le sacrifice du Christ est renouvelé – où son amour est largement donné pour remplir vos cœurs et vos vies. Comme je voudrais que cette église et cet autel consacré aujourd’hui soit le signe de la présence avec vous, au milieu de vous ; qu’il soit aussi le signe de tout un peuple missionnaire sur ce quartier.

Le lieu de la Parole

Ici vous trouverez tous les dimanches, l’annonce et l’application concrète de l’Evangile. Parole de Dieu qui permet à votre foi de reconnaître le Christ dans votre vie et dans tous les détails de la vie.

Le lieu du sacrifice

Comme les disciples reconnurent le Seigneur le soir de la fraction du pain, vous, vous reconnaîtrez l’amour de Dieu pour vous à la messe dominicale. Vous ne viendrez pas ici pour regarder seulement, comme on regarde un souvenir, si beau soit-il, pour participer, pour bénéficier d’un sacrifice toujours actuel : le sacrifice du Seigneur, sa mort et sa résurrection, rendues présentes et toujours actuelles pour les hommes de tous les temps.

Un peuple missionnaire

La samaritaine, qui découvre tout à coup que le messie est là, va partir annoncer au village la Bonne Nouvelle. Elle va ramener au messie tous les habitants. Elle est devenue l’apôtre de son village.

Comme elle, vous aussi, le Christ vous envoie et vous accompagne quand vous quittez l’église le dimanche pour aller à la rencontre de l’Esprit, qui est présent partout, et qui attend dans les cœurs et dans la vie de tous les hommes.
Vous devez former des équipes de sauveurs qui emportent le Christ chaque dimanche, pour porter son amour auprès de tous les autres hommes, pour faire grandir le Seigneur autour de vous. –/–

Votre église et votre autel ne servirait à rien si vous n’étiez pas apôtres : c’est le grand appel que l’Eglise vous adresse. Il y a des hommes qui attendent, et le Christ attend que nous allions leur porter l’amour.

Il faut pour cela que transparaisse dans toute notre vie quotidienne la lumière claire, sans compromission de l’Evangile de liberté, de vérité, de justice et de fraternité.
Je vous charge – et cette église et cet autel en sont les signes – d’aller annoncer ce Dieu que les hommes ne connaissent pas, le Dieu dont les hommes ne savent pas qu’ils sont aimés.

La prédilection donnée aux pauvres.

Comme je voudrais qu’en arrivant ici le dimanche, vous puissiez dire au Seigneur : les pauvres sont évangélisés – tous ceux qui ne savent pas que tu les aimes, qui souvent vivent dans des conditions matérielles et morales telles qu’ils ne peuvent pas le savoir. C’est nous qui sommes chargés de tous les milieux de vie.

Si nous voulons être loyaux avec notre foi, il faut que nous puissions dire au Christ tous les dimanches : nous avons fait tout notre possible cette semaine pour faire entendre aux pauvres l’évangile et l’amour du Seigneur.
L’appel au sacerdoce

Autour de cet autel et dans cette église, pour servir l’Evangile et l’Eucharistie, et pour servir votre apostolat, il faut des prêtres. Si vous n’aidiez les jeunes à comprendre cette mission sacerdotale, les autels et les églises seraient des signes sans lendemain.